USA : Des demandeurs d’asile arrêtés après des audiences « pièges » à New York

À New York, des agents fédéraux masqués et armés procèdent à l’arrestation de migrants à l’issue de leurs audiences dans les tribunaux d’immigration. Une méthode jugée alarmante par les défenseurs des droits humains, qui y voient un nouveau tournant dans la politique anti-immigration de l’administration Trump.

Ces derniers mois, les agents de la Sécurité intérieure — appartenant à diverses agences, notamment l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) — ont été aperçus rôdant dans les couloirs des tribunaux, parfois masqués, munis de boucliers et armés, attendant la sortie de migrants convoqués pour leur demande d’asile. Un photographe de l’AFP a documenté ces scènes au 12e étage d’un bâtiment fédéral dans le sud de Manhattan, où près d’une douzaine de personnes ont été interpellées en quelques heures, rapporte AFP.

Le président Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité de son mandat, dénonçant une « invasion » de criminels étrangers. Mais face aux décisions de justice protégeant certains demandeurs d’asile, l’administration semble avoir opté pour une nouvelle tactique, discrète mais redoutable : l’arrestation directe aux abords des tribunaux.

« Cela semble être des audiences judiciaires, mais ce sont en réalité des pièges », a dénoncé Brad Lander, contrôleur financier de la ville de New York et élu démocrate local, présent sur les lieux mercredi. Il affirme avoir assisté à plusieurs interpellations, dont celle d’un ressortissant paraguayen dont la demande d’asile était encore à l’étude. Selon lui, un juge venait de lui expliquer comment renforcer son dossier en lien avec la Convention internationale contre la torture.

À la sortie de la salle d’audience, des agents sans mandat apparent l’auraient arrêté. Sa sœur, qui l’accompagnait, aurait été violemment maîtrisée. « C’est une grave érosion de l’état de droit aux États-Unis », a dénoncé Brad Lander, lui-même brièvement arrêté le mois précédent pour avoir tenté d’entraver une arrestation.

Les migrants interpellés sont généralement conduits dans des centres de rétention en attendant une éventuelle expulsion. De nouveaux centres ont été ouverts récemment, notamment celui surnommé « l’Alcatraz des alligators », situé au cœur des marécages de Floride.